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    Orchidées

     

    "Sabot de Venus", 2001,

     Oil on canvas, 50 x 40 cm

    © Isy Ochoa

     

    "J’entre le plus souvent chez les orchidées,
    mes endormeuses préférées. (...) Elles viennent,
    ces filles étranges, de pays marécageux, brûlants.
    Elles sont attirantes comme des sirènes,
    mortelles comme des poisons,
    admirablement bizarres, effrayantes."

    Guy de Maupassant

    Extrait de Un cas de divorce

     

     

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    Au fleuve de Loire

     

    Au fleuve de Loire

     

    Ô de qui la vive course
    Prend sa bienheureuse source,
    D'une argentine fontaine,
    Qui d'une fuite lointaine,
    Te rends au sein fluctueux
    De l'Océan monstrueux,
    Loire, hausse ton chef ores
    Bien haut, et bien haut encores,
    Et jette ton oeil divin
    Sur ce pays Angevin,
    Le plus heureux et fertile,
    Qu'autre où ton onde distille.
    Bien d'autres Dieux que toi, Père,
    Daignent aimer ce repaire,
    A qui le Ciel fut donneur
    De toute grâce et bonheur.
    Cérès, lorsque vagabonde
    Allait quérant par le monde
    Sa fille, dont possesseur
    Fut l'infernal ravisseur,
    De ses pas sacrés toucha
    Cette terre, et se coucha
    Lasse sur ton vert rivage,
    Qui lui donna doux breuvage.
    Et celui-là, qui pour mère
    Eut la cuisse de son père,
    Le Dieu des Indes vainqueur
    Arrosa de sa liqueur
    Les monts, les vaux et campaignes
    De ce terroir que tu baignes.
    Regarde, mon Fleuve, aussi
    Dedans ces forêts ici,
    Qui leurs chevelures vives
    Haussent autour de tes rives,
    Les faunes aux pieds soudains,
    Qui après biches et daims,
    Et cerfs aux têtes ramées
    Ont leurs forces animées.
    Regarde tes Nymphes belles
    A ces Demi-dieux rebelles,
    Qui à grand'course les suivent,
    Et si près d'elles arrivent,
    Qu'elles sentent bien souvent
    De leurs haleines le vent.
    Je vois déjà hors d'haleine
    Les pauvrettes, qui à peine
    Pourront atteindre ton cours,
    Si tu ne leur fais secours.
    Combien (pour les secourir)
    De fois t'a-t-on vu courir
    Tout furieux en la plaine?
    Trompant l'espoir et la peine
    De l'avare laboureur,
    Hélas! qui n'eut point d'horreur
    Blesser du soc sacrilège
    De tes Nymphes le collège,
    Collège qui se récrée
    Dessus ta rive sacrée.
    Qui voudra donc loue et chante
    Tout ce dont l'Inde se vante,
    Sicile la fabuleuse,
    Ou bien l'Arabie Heureuse.
    Quant à moi, tant que ma Lyre
    Voudra les chansons élire
    Que je lui commanderai,
    Mon Anjou je chanterai.
    Ô mon Fleuve paternel,
    Quand le dormir éternel
    Fera tomber à l'envers
    Celui qui chante ces vers,
    Et que par les bras amis
    Mon corps bien près sera mis
    De quelque fontaine vive,
    Non guère loin de ta rive,
    Au moins sur ma froide cendre
    Fais quelques larmes descendre,
    Et sonne mon bruit fameux
    A ton rivage écumeux.
    N'oublie le nom de celle
    Qui toutes beautés excelle,
    Et ce qu'ai pour elle aussi
    Chanté sur ce bord ici.

     

    Joachim du Bellay             

    (1522-1560)             

     

    Au fleuve de Loire

              

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